
Les insulaires vivent et travaillent dans le même secteur
- 27 septembre 2020
- 0 Comment(s)
Des réajustements géographiques à la marge mais des tendances de fond qui persistent.
À travers l’île, l’emploi continue à être porté par Ajaccio et Bastia. Les grandes villes l’emportent sur les communes plus petites. Le processus est bâti sur un rapport de force ordinaire. C’est d’ailleurs ce que confirme la dernière étude sur le sujet menée par l’Insee Corse.
Mais, avant de poser le diagnostic, on a sondé autrement. « Les nouvelles zones d’emploi, c’est-à-dire les espaces au sein desquels les actifs en emploi résident et exercent leur activité, découpent la Corse en sept territoires désormais ; Bastia, Calvi, Ajaccio, Propriano, Ghisonaccia, Porto-Vecchio et Corte. Le périmètre d’étude en vigueur depuis 1984 a été mis à jour durant le premier semestre 2020. L’objectif étant de prendre en compte les évolutions intervenues dans les déplacements domicile-travail », explique Antonin Bretel, Insee Corse et auteur de l’étude.
Record de France
Dans ce paysage, on s’inscrit dans la continuité du mouvement observé jusque-là. Et c’est la zone d’Ajaccio, où l’activité économique a nettement plus dynamisé le bassin d’emploi qu’ailleurs, qui sert de référence. « Cette zone d’emploi, composée de 81 communes, est la plus étendue. En parallèle, elle concentre le plus grand nombre d’emplois et sa population affiche le taux d’activité maximum », commente le rédacteur.
L’équivalent de 116 106 habitants, de 49 004 emplois et d’un taux d’activité des 15-64 ans qui s’établit à 76,2 %.
Sans surprise, Bastia et son aire d’influence constituent un second vivier important en termes d’emplois. Dans cette portion de l’île, on comptabilise 112 communes et 119 500 habitants. Le taux d’activité des 15-64 ans y est de 71,4 %. « À elles deux, les zones d’emploi d’Ajaccio et de Bastia représentent 235 500 habitants et 95 000 emplois. »
Les équilibres socio-économiques et démographiques sont maintenus. « Dans ces périmètres se concentrent 70,5 % de la population vivant en Corse ainsi que 72 % de l’emploi global. À l’inverse, la zone d’emploi de Propriano est la plus petite en surface mais également s’agissant de la population et de l’emploi », relève le statisticien national.
Aux dires de l’Insee, l’état de lieux est l’expression d’une « très forte stabilité dans les zones d’emploi de l’île ». Au point de créer l’exception à l’échelon national. « L’insularité et le relief insulaire contraignent et influencent de manière déterminante les contours du zonage. C’est pourquoi, les zones d’emploi corses définies en 2020 sont restées proches de celles de 2010, avec des taux d’actifs résidant et travaillant dans la zone, rapporté au nombre total d’actifs en emploi dans la zone, soit des taux de stables, très élevés. Par exemple, à Ajaccio, 97,6 % des résidents travaillent dans la zone d’emploi. Ce qui équivaut au taux de stable le plus haut de France », développe le statisticien.
Le phénomène, à quelques pourcentages près toutefois, possède une dimension globale. « Sur les sept zones d’emploi, seulement trois ont un taux de stables inférieur à 90 % ; Corte avec 81,4 %, Ghisonaccia, 84,3 % et Propriano, 86,9 % », poursuit le rédacteur de l’étude. Une configuration que l’Insee associe à Ajaccio et Bastia. « Ces plus grandes mobilités s’expliquent par les échanges avec les zones d’Ajaccio et de Bastia, à la fois limitrophes, bien connectées et qui concentrent une part essentielle de l’activité économique. »

L’exception vient de la plaine
Au-delà, toutes les zones d’emploi à l’échelle de l’île ou presque comportent une caractéristique commune. « Six sur sept d’entre elles appartiennent à la même catégorie, celle des espaces à forte orientation touristique. C’est aussi le cas de nombreuses zones d’emploi situées sur le littoral français ou en montagne à l’image de Menton, Pornic, Gap. Cette spécialisation découle de l’importance des nuitées touristiques et de la part des résidences secondaires dans les logements de la région », note-t-on.
On vit, on travaille dans le même périmètre et du même coup on produit biens et services pour la population à proximité. La logique de la sphère restreinte prévaut. « Dans ces zones, les activités visent à satisfaire les besoins de la population présente sur le territoire, qu’il s’agisse de résidents ou de touristes. La part des emplois présentiels varie ainsi de 78 % à Bastia jusqu’à 84 % dans la zone d’emploi de Corte. Ce score se fonde sur la présence de l’université et traduit le poids important de l’administration », précise l’étude.
Dans ce modèle, l’exception vient de la Plaine orientale. « Il s’agit de la seule zone d’emploi associée à une orientation économique différente, en l’occurrence celle de zone spécialisée dans l’agriculture. Avec 13,8 % de l’emploi dans l’agriculture, c’est-à-dire quatre fois plus qu’en région -3,2 %- et 2 points de plus que la moyenne de sa catégorie, ce secteur marque fortement l’activité de la Plaine orientale. »
Les fruits et les légumes se consomment en Plaine orientale mais aussi à travers toute l’île et au-delà. En conséquence, « le poids de la sphère productive est sur ce territoire le plus élevé de Corse et la part de la sphère présentielle la plus faible », observe l’Insee corse.
La zone d’emploi de Ghisonaccia, « spécialisée en agriculture » correspond à 30 communes, 19 198 habitants et 6 867 emplois.
source : Corse matin